Joyeux anniversaire ? - L’édito JUSTICE du 9 décembre 2020
Cinq bougies. L’Accord de Paris sur le climat fête ce samedi ses 5 ans. Ce n’est pas encore l’âge de raison mais c’est suffisant pour faire un premier bilan.
Alors ? Alors ce n’est pas brillant.
Il y a 5 ans, souvenons-nous, il fallait agir sans attendre. Il fallait qu’en 2020 nous soyons sur une pente vertueuse. Et qu’en 2030, nous ayons complètement changé de modèle de production, de consommation, et de répartition des richesses. Il fallait limiter le réchauffement à idéalement 1,5°C ; une hausse des températures que nous devrions atteindre, selon les scientifiques dans seulement dix ans.
Vertueuse, vous avez dit ? Le mois de novembre qui vient de s’achever est le plus chaud jamais enregistré dans le monde. Ces cinq années nous ont fait perdre un temps que nous n’avons plus. Ne nous cachons pas derrière notre petit doigt : aucun pays n’en a fait assez.
Les émissions de gaz à effet de serre continuent de croitre au niveau mondial. L’Europe n’est pas à la hauteur. Les objectifs à l’horizon 2030 aujourd’hui discutés sont bien en deçà de ce nous devons accomplir : là où nous, écologistes européen·nes, défendions l’objectif d’au moins 65% de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, le Parlement n’a retenu que 60%, et le Conseil n’est même pas certain de statuer sur l’objectif de 55%.
Dans son rapport "Un climat d’inégalités" publié aujourd’hui, Notre affaire à tous nous rappelle que le climat est affaire de justice sociale. Et l’étude tout juste publiée par Oxfam avec l’Institut de l’Environnement de Stockholm confirme : depuis 1990, les 10% des européen·nes les plus riches ont été responsables ont été responsables de 27% des émissions, soit autant que la moitié la plus pauvre de l’Union.
En France, pays retardataire pour les objectifs climat 2020, hors clous pour tenir ses engagements 2030, le Président Macron s’était engagé à transmettre "sans filtre" aux parlementaires les propositions des 150 de la Convention Citoyenne pour le Climat. Aujourd’hui il s’assied sur cette promesse (que Cyril Dion l’enjoint à respecter dans une pétition) et balaie de son mépris ces150 citoyen·nes « qui ont écrit un truc ».
C’est vrai, le bilan n’est pas brillant. Mais il nous reste une chose de ces cinq années, précieuse, irremplaçable : le mouvement qui tout autour de la planète s’est levé. Il nous reste Greta Thunberg et son panneau. Il nous reste les Fridays for future. Il nous reste l’Affaire du siècle et ses 2300000 signataires. Il nous reste les millions de climactivistes à travers le monde.
Ensemble, nous sommes plus chaud·es que le climat. Passez de bonnes fêtes.