Pour le climat, pour la justice, l’écologie - L’édito JUSTICE du 1er avril 2022

Tant de questions. Comment sauver le climat, restaurer les écosystèmes qui peuvent l’être, mettre un terme aux pollutions qui - des pesticides aux micro-plastiques, en passant par l’amiante ou le plomb - nuisent à notre santé et détruisent en premier celle des plus pauvres ? Est-il possible de faire la solidarité, entre les êtres humains, et avec les non-humains, face aux ravages d’un capitalisme qui exploite la Terre, les femmes et les hommes ? Quels leviers activer pour construire un monde de paix, un monde de justice, un monde d’égalité ?

A toutes ces questions ma réponse unique: construire une force d'écologie politique ancrée dans les réalités sociales de notre temps, innervée par la société mobilisée, et donc suffisamment puissante pour être majoritaire. C'est un travail de longue haleine. Et cette présidentielle nous démontre qu'il n'y a pas de raccourci possible.

Choisir le bulletin Jadot, ce n’est pas seulement tenter de faire élire un écologiste à la tête de l’état ; c’est un engagement collectif, l’affirmation d’une volonté de faire corps, de faire nation, d’articuler nos combats, de lutter sans trêve contre le productivisme et l’accaparement des richesses, les 10 et 24 avril prochains, et pendant l’ensemble du quinquennat.

Bien évidemment le vote n'est qu'un des moyens d'action à notre disposition pour mener notre combat. Mais il est déterminant. Car nous savons que rien ne sera possible sans la création d'un rapport de force permanent. C'est une bataille électorale, culturelle, économique, sociale et donc éminemment politique que nous menons. Nous ne prétendons pas qu’il serait facile de transformer en profondeur notre monde et notre société. Bien sûr, si nous l’emportons en ce mois d’avril, les lobbies tenteront par tous les moyens de freiner l’urgente transition. N’ont-ils pas déjà extorqué, pour les grandes entreprises, les plus polluantes, des exonérations de taxes, notamment sur les fiouls lourds, les permis CO2 gratuits - permis à polluer ; n’ont-ils pas déjà obtenu l’impunité en ce qui concerne les atteintes à l’environnement ; ou encore et entre autres, le retrait de dispositions législatives visant à la protection de l’environnement, de notre santé, ou de la juste rémunération des paysannes et des paysans ? Ils ne s’arrêteront pas. Ils ne cesseront jamais de nous attaquer. Ils se battront pour que les profits issus de la destruction du vivant et de notre santé continuent à ne bénéficier qu’à une poignée d’entre eux. Mais qui mieux que les écologistes pour remettre les lobbies à leur place, faire gagner la démocratie et faire éclore une République écologique ?

A mes yeux, nous devons tirer des leçons de notre histoire récente. La mémoire des violentes contradictions sociales du système actuel, mises à jour par le mouvement des gilets jaunes et la crise qu'il a provoqué doit guider nos pas. Nous ne serons audibles que si nous sommes considérés comme à l'écoute de celles et ceux qui souffrent. Nous ne serons efficaces que si nous sommes justes, et embrassons d’un même élan la bataille du climat (puisque ce sont les plus riches qui d’abord détruisent la planète) et l’impératif de justice sociale. Fin du mois fin du monde, même combat. Le slogan est aussi beau que vrai. Nous ne sommes pas dupes des effets de manche rhétoriques des grandes firmes et des idéologues productivistes. La crise écologique s'inscrit dans la chair des plus exposés à la violence écologique de notre modèle productif. Et elle tue. Il existe une différence d’espérance de vie de 13,5 ans entre le décile le plus riche et le plus pauvre de la population française. Cette injustice est intolérable. Elle doit être combattue sans relâche. Ce sont les plus pauvres que notre monde prive d’un air de qualité, d’une alimentation saine et accessible, d’une eau potable et en quantité suffisante, de logements et de lieux de travail sains. Les combats des mineurs exposé·es aux poussières de mine, ceux des ouvrier·es du bâtiment face à l’amiante, ceux des agriculteur·ices comme Paul François face aux pesticides, ceux des gens du voyage face aux dangers industriels, ceux des Martiniquais·es et des Guadeloupéen·nes face au chlordécone, ceux des Guyanais·es intoxiqué·es au mercure utilisé pour l’orpaillage... Ces combats prouvent chaque jour que combat environnemental et social sont les deux faces d’une même pièce.

Au moment où j’écris ces lignes, l’ensemble du spectre politique français rivalise de surenchère sémantique pour savoir qui serait prétendument le plus vert. Mais hormis les écologistes aucun n’a véritablement compris l’étendue et la gravité de l’enjeu. Depuis des années, pourtant, la crise écologique nous heurte de plein fouet. Commençons par les pandémies zoonotiques. La grippe H5N1 ravage encore aujourd’hui nos exploitations avicoles. La Covid19 a bouleversé l’économie mondiale. La guerre de Poutine menace la sécurité alimentaire partout dans le monde tandis que les dirigeant·es européen·nes, tous bords confondus, repoussent l’urgente transition agricole, et multiplient les risques à venir sur les habitats naturels, sous prétexte de répondre aux problématiques agro-alimentaires. Poursuivons par le climat et les énergies fossiles. La hausse du prix du pétrole et gaz était déjà une donnée et s’est encore renforcée avec la guerre menée contre l’Ukraine. Mais plutôt que d’en accélérer la sortie, l’ensemble du spectre politique rechigne à réclamer un embargo et à organiser la fin rapide de ces énergies climaticides et de plus en plus chères. Regardons enfin du côté de l’économie elle-même : l’idée d’une croissance infinie sur une planète finie est une folie. Mais les productivistes, les rentiers, les cyniques… ne cessent de quémander de l’argent public, celui des contribuables, et d’influencer les lois, pour faire perdurer un modèle qui nous mène droit dans le mur. Voter écologiste, c’est rappeler que l’urgence de toutes les urgences, c’est de sauver le climat et le vivant, et que cette transition est la seule qui nous permettra de préserver l’habitabilité de la Terre et nos modes de vie. Pour nous, l’écologie n’est pas une variable d’ajustement. Elle est centrale. Il ne s’agit pas que d’un mot, inscrit sur des programmes, et sitôt oublié. Si le seul horizon de nos adversaires est le profit, l'idée qui nous met en mouvement est la Justice.

Notre combat est planétaire. Des milliers, des millions de personnes perdent leurs vies, leurs logements, leurs terres ou leur travail face au dérèglement climatique et aux pollutions massives. L’heure est grave. Le défi est vital. Face aux climato-sceptiques, face aux cyniques qui vident les mots et les lois de leur sens, face à celles et ceux qui pensent encore que l’on peut détacher les questions environnementales et sociales, notre réponse doit être ferme. Les 10 et 24 avril, nous voterons pour la planète, pour le climat, pour la Justice. Nous voterons Yannick Jadot.

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