Trois questions à... Cécile Duflot, directrice générale d'Oxfam-France
Depuis le début de la pandémie, Oxfam France se mobilise pour défendre un accès juste et universel aux vaccins et à tout traitement contre la COVID-19. Cela passe notamment par la levée des brevets sur les vaccins. Explications avec la directrice générale de l'ONG, Cécile Duflot.
Que changerait la levée des brevets vaccinaux ?
Concrètement, un certain nombre de laboratoires pharmaceutiques pourraient se lancer dans la production de vaccins sans attendre et se perdre en négociations. On pourrait donc produire beaucoup plus et vacciner davantage: à la fin de l’année on aura vacciné les pays du G7, mais au rythme où l’on va il faudra 60 ans pour vacciner le reste du monde, ce n’est pas acceptable. La redistribution des stocks existants est nécessaire, mais elle ne sera pas suffisante: il faut dix fois plus de doses.
Que répondez-vous à ceux qui vous accusent démagogie et disent que vous allez tuer la recherche ?
La recherche est massivement financée par l’argent public et les subventions aux laboratoire pharmaceutiques. Ces derniers ont aussi bénéficié des achats de doses par anticipation, avant même la mise au point des vaccins. La rentabilité est énorme, et il y a aujourd’hui des milliardaires de la vaccination, notamment le patron de Moderna. Et puis nous sommes dans une situation de pandémie et l’heure n’est pas à privilégier le discours économique à la santé publique. L’Inde et l’Afrique du Sud ont demandé la levée des brevets, les Etat-Unis et la France se déclarent favorables. Il faut avancer.
Pourquoi lever les brevets sur ce vaccin et pas sur les autres ?
La question de la propriété intellectuelle est un vrai débat, sur lequel on pourra se pencher. Mais ce n’est pas le sujet aujourd’hui. Nous se sommes pas dans un discours théorique mais dans une urgence: plus nous attendrons pour vacciner, plus nous risquons l’émergence de variants.