Tenir bon, penser loin, agir vite - L’édito JUSTICE du 23 juin 2021

L’abstention est la principale donnée de ces élections régionales. C’est un fait politique massif, qui doit en partie à la conjoncture, mais rien au hasard. La désaffection à l’égard du processus électoral a des causes multiples, que je n’évoquerai pas ici faute de place. Mais la côte d’alerte est dépassée.

Dans ce contexte, on peut souligner la bonne tenue électorale de l’écologie politique et s’en féliciter. Mais notre vigilance doit être grande : les droites sont très hautes, et aucune victoire ne sera acquise à la présidentielle sans trouver les moyens de s’inscrire dans une dynamique populaire nouvelle. L’urgence écologique demande pourtant que nous nous donnions les moyens de forger une majorité politique désireuse de prendre à bras le corps les questions écologiques. C’est un impératif qui devrait s’affranchir des ambitions personnelles et des frontières classiques.

 

Alors comment interpréter le refus des têtes de liste socialistes d’Occitanie, d’Aquitaine et de Bretagne de porter un projet commun avec les écologistes ? Arriver en tête des suffrages donne une responsabilité : celle de rassembler ses alliés, de faire vivre la diversité politique et d’élaborer un projet de territoire partagé.

 

Dans ces 3 régions, on prétend faire de l’écologie sans les écologistes. Chacun pourra bien jurer, la main sur le coeur et des trémolos dans la voix, qu’il s’est écologisé, on souhaite bien du courage à ces responsables politiques pour expliquer leur refus de mettre fin aux liaisons autoroutières, aux lignes à grande-vitesse inutiles, d’assurer la préservation de l’eau, de s’engager véritablement dans l’agriculture biologique et la sortie des pesticides… Rendons-nous à l’évidence : ces décisions prouvent hélas que l’écologie n’a pas encore convaincu l’ensemble de la gauche. Nous en prenons bonne note. Nous

mènerons donc seul.e.s, la bataille de l’harmonie avec le vivant, pour engager la transition écologique dans la justice sociale. A l’orée du second tour, bonne chance à Nicolas Thierry en Nouvelle-Aquitaine, à Claire Desmares en Bretagne. Je les remercie pour leur inlassable combativité.

 

L’écologie progresse. Elle s’implante. Dans de nombreuses régions, nous avons su rassembler, avant ou après le premier tour, les partis de gauche convaincus par l’urgence climatique, environnementale et sociale. Partout, nous progressons, en pourcentage comme en voix, aux régionales comme aux départementales. Crise oblige, les électrices et électeurs ont souvent donné leur préférence électorale aux sortants ; mais l’adhésion au projet écologiste fait de nous les premiers challengers : en Ile-de-France, dans le Grand-est, en Auvergne Rhône-Alpes, comme évidemment en Pays de Loire où Matthieu Orphelin pourrait bien devenir le premier président de région écologiste de France. Nous sommes de tout cœur avec elles et eux, avec toutes celles et tous ceux qui se mobilisent chaque jour pour que vive l’écologie dans les territoires.

 

Je quitte la question des régionales pour en revenir au long combat pour la reconnaissance des écocides. Le Panel international d’expert·es de haut niveau mis en place par la Fondation Stop Ecocide a rendue publique hier sa proposition d’amendement au Statut de Rome instituant la Cour Pénale Internationale afin de condamner les crimes les plus graves contre le vivant. La proposition tombe à pic. Après plusieurs décennies de mobilisations de la société civile contre ces crimes qui mettent en danger la sûreté de la planète, un nombre croissant d’états, de parlements et de mouvements sociaux s’expriment en faveur de la condamnation de ce crime. Inspirée de textes internationaux largement éprouvés, la proposition formulée est solide. Elle fait mentir celles et ceux qui prétendent - ou espèrent - encore que condamner les atteintes au vivant est juridiquement impossible. Elle demande à ce que l'on s'en saisisse sans plus tarder. Elle impose l’action.

 

Nous poursuivrons le combat. Sur les territoires, au Parlement européen, et partout sur la planète. Il nous faut tenir bon face aux oppositions que nous rencontrons, penser loin pour porter les idées nouvelles dont la transformation écologique du monde a besoin et agir vite pour prendre les mesures que l’urgence demande. L’écologie rencontrera encore bien des obstacles mais elle l’emportera. Parce que nous n’avons pas le choix.

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