Trois questions à... Tiziri Kandi, animatrice CGT-HPE
Depuis presque deux ans, Tiziri Kandi animatrice CGT-HPE (Hôtels de prestige et économiques) a accompagné les femmes de chambres de l’Ibis Batignolles dans leur mouvement de grève. Nous l’avions rencontrée lors d’une action coup de poing à la Défense en mars dernier. Aujourd’hui elle nous livre le bilan de cette lutte exemplaire.
Après vingt-deux mois de mobilisation, les femmes de chambres de l’Ibis des Batignolles ont gagné. Qu’ont-elles obtenu exactement ?
Les copines de l'Ibis ont obtenu pour elles-mêmes et leurs autres collègues de STN (le sous-traitant, NDLR) qui travaillent à l'Ibis Batignolles de très nombreuses avancées à défaut de l’internalisation, en tout cas pour cette fois. Les grévistes gagnaient jusqu’ici 600 à 1000€ mensuels selon leur volume horaire, et le protocole prévoit de 250 à 500 € d'augmentation chaque mois (7,30 € par jour de panier repas, soit 150 € par mois, une augmentation des qualifications d'environ 100 € par mois et, pour 11 grévistes sur les 20, une revalorisation des mensualisations à hauteur de 250 € par mois). S’y ajoutent deux CDD requalifiés en CDI avec reprise de d’ancienneté et une baisse des cadences de 20%.
Qu’est-ce qui vous a particulièrement marquée au cours de cette longue grève ?
Le plus impressionnant c’est l'ampleur de la solidarité, qui était juste dingue et le fait qu'on ait réussi à faire de cette lutte une lutte emblématique de tous les invisibles du monde du travail. Et puis pour la petite anecdote, on est entrées dans un livre scolaire de BTS Sciences sociales et économiques comme exemple de lutte à analyser par les élèves !
Et maintenant, c’est terminé ?
Ce n’est pas terminé parce que l’internalisation n’est pas acquise. Mais je pense que cette lutte emblématique va ouvrir la porte à beaucoup de salarié·es de l'hôtellerie mais aussi de plein d'autres secteurs qui vont pouvoir relever la tête et se dire que c'est possible de gagner.