COP26 - Vers un accord a minima ?
À quelques heures de la fin de cette 26ème COP pour le climat, le brouillon de texte final, reflétant les deux semaines de négociations entre tous les partis, a été publié par la présidence britannique. Le texte, qui doit définir les règles pour mettre en œuvre l’Accord de Paris, contient des éléments positifs pour mettre le monde sur la voix du respect des 1.5°C.
Il fait notamment le constat de l’échec des États à baisser les émissions de gaz à effet de serre, malgré la crise climatique : les émissions mondiales devraient augmenter de 13,7% d’ici 2030, par rapport à 2010, alors qu’elles doivent diminuer de 45% sur la période si nous voulons avoir une chance de rester en dessous de 1.5°C de réchauffement.
Le texte propose aussi de faire un point chaque année sur les avancées des États, quand l’Accord de Paris ne prévoit la prochaine mise à jour des contributions de chaque État qu'en 2025.
Mais surtout : le texte appelle les États à accélérer leur sortie des énergies fossiles. Croyez-le ou non, si le texte est adopté tel quel, ce serait la première fois que les énergies fossiles seront mentionnées dans un texte issu des COP, puisque même l’Accord de Paris ne le fait pas. Problème, les 500 (!) lobbyistes des énergies fossiles présents à la COP feront tout jusqu’à demain soir pour supprimer cette mention, déjà peu ambitieuse... À suivre.
Toutefois, le texte est extrêmement décevant en ce qui concerne la justice climatique entre pays du Nord et pays du Sud. Il ne contient aucune garantie que ces derniers recevront des premiers les 600 milliards de dollars promis pour le climat sur la période 2020-2025, et ne précise aucun chiffre pour les années suivantes. De plus, alors que c’était un des points clés des mobilisations de la société civile en marge de la COP, les pays développés n’ont formulé aucun engagement à indemniser les pertes et préjudices des pays du Sud impactés par des événements climatiques extrêmes.
Fait marquant, la Chine et les Etats-Unis ont publié une déclaration commune sur la lutte contre le changement climatique, qui prévoit des actions supplémentaires avant la COP27 pour réduire les émissions de méthane et développer les énergies renouvelables, entre autres. Un accord supposé donner un coup de fouet au reste des négociations et auquel le Commissaire Timmermans a répondu par un appel à l'action immédiate… au moment même où la Commission européenne annonce s'engager à déployer de nouvelles infrastructures gazières ! Le ridicule ne tue pas, la contradiction non plus.
Quant au gouvernement français, il s’est une fois de plus démarqué par son absence et ses double discours pendant les deux dernières semaines. Fier d'annoncer rejoindre l'alliance BOGA (Beyond Oil and Gas) des états qui sortent leurs propres territoires de la production d'énergies fossiles, la France n’a pas rejoint la coalition d’États, dont le Royaume-Uni, les États-Unis ou le Canada, engagés à mettre fin au financement du pétrole et du gaz à l’étranger dès 2022. Il est le dernier grand pays européen attendu...
Nous connaîtrons dans la soirée de vendredi le texte final adopté par cette COP26. Malgré les quelques avancées, un goût de désillusion persiste.
Pendant deux semaines, la société civile ainsi que les nombreux.ses représentant.e.s des peuples autochtones présent.e.s sur place ont lutté pour se faire entendre.
Au final peu d’actions concrètes ont été décidées. A la place, un florilège de communiqués de presse annonçant de nouveaux engagements des États, jamais inscrits dans un texte contraignant, et la plupart repoussant l'action de plusieurs années/ décennies, là où l'action immédiate est requise.
Il faut continuer le combat, sans relâche.