COMMUNIQUÉ : Au Parlement européen, le front du refus de la transition écologique rejette notre objection au renouvellement du glyphosate
Aujourd'hui, la commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (ENVI) du Parlement européen a rejeté la résolution initiée par Marie Toussaint au nom des Verts et soutenue par les socialistes et la gauche, appelant à l'interdiction complète de l'utilisation du glyphosate. En cause: l'alliance réitérée des libéraux (LREM) avec la droite et l'extrême-droite s’enfermant dans un front du refus écologique.
Pour Marie Toussaint, eurodéputée écologiste et rapportrice de l’objection pour les Verts/ALE : “La Commission européenne a proposé de renouveler pour 10 ans la licence du glyphosate, faisant fi des risques sanitaires et pour les écosystèmes de ce produit éminemment toxique -risques reconnus au niveau international. Cette proposition est d’autant plus indigne et irresponsable que Monsanto a été prise la main dans le sac de trucage d’études scientifiques et d’espionnage de personnalités politiques dont des membres du Parlement européens, et que la firme est poursuivie dans le cadre de plus de 50 000 procès à travers le monde pour atteintes à la santé et au vivant.
Le vote de ce matin n’est toutefois pas une surprise. La droite et l’extrême-droite poursuivent leurs attaques contre le Pacte vert, en particulier sur les législations visant à protéger la nature (restauration de la nature, pesticides, forêts ou animaux…) et la santé ainsi qu’avec le refus de modifier le règlement REACH relatif aux produits chimiques et toxiques. Une fois de plus, certains libéraux ont associé leurs voix à ce front du refus écologique.
Le vote de nos collègues macronistes est d’autant plus irresponsable que la sortie du glyphosate figurait parmi les engagements d’Emmanuel Macron pour… 2020. Il n’est toutefois guère surprenant, puisque le gouvernement français s’est déjà abstenu lors du vote des Etats-membres le 13 octobre sur le renouvellement de la licence du glyphosate.
La manœuvre que souhaite engager LREM est grossière : ils proposent de présenter au vote du Parlement européen une résolution visant à rejeter la proposition de 10 ans mise sur la table par la Commission. Une façon de se parer de vert, tout en s’apprêtant à accepter en catimini un renouvellement de 7 ans -tout aussi attentatoire à la santé et à la nature.
L’Europe a le choix : soit elle protège, soit elle empoisonne. Pour nous, les choses sont claires : il faut de toute urgence sortir de la civilisation des toxiques. C’est un enjeu de santé publique majeur : la vie en bonne santé de millions d’européennes et d’européens en dépend. Nos vies n’ont pas de prix. Notre santé n’a pas de prix. Et la capacité des écosystèmes à faire face aux toxiques n’a pas de prix.
Nous continuerons à nous battre. Avec détermination, et dans la clarté nécessaire au respect des citoyennes et citoyens.”
En savoir plus:
Le glyphosate est l'ingrédient actif d'herbicides à large spectre comme le Roundup, produit par Bayer-Monsanto ; c'est un pesticide utilisé non seulement dans l'agriculture, mais aussi dans les zones urbaines.
La résolution visant à interdire l'utilisation des pesticides a été rejetée par 38 voix pour, 40 contre et 6 abstentions.
Suite au vote du comité SCOPAFF d'il y a deux semaines, la proposition de la Commission sera soumise au comité d'appel le 16 novembre.
Lors de la précédente décision de renouvellement en 2018, le glyphosate a été renouvelé pour seulement 5 ans en raison des inquiétudes et des doutes des citoyens quant à sa sécurité. L'autorisation aurait dû se terminer à la fin de 2022, mais une prolongation a été accordée pour rassembler des preuves des impacts écotoxicologiques, en raison du nombre croissant de publications scientifiques montrant des effets négatifs sur les espèces dans différentes parties de l'écosystème.
Le glyphosate n'est pas nécessaire à une agriculture productive, ni à la lutte contre les mauvaises herbes. Au contraire, en contribuant à l'effondrement des écosystèmes, en diminuant la nourriture pour les pollinisateurs et en ayant un impact sur le biome, l'utilisation du glyphosate met en danger notre sécurité alimentaire à long terme et devrait donc être interdite.