L’urgence climatique n’est pas un caprice - L’édito JUSTICE du 18 septembre 2020
Il paraît que nous ne sommes jamais contents. Que nous devrions nous réjouir. Que quand même c’est une belle avancée. Que nous nous comportons un peu comme des enfants gâtés.
La commission Environnement du Parlement européen a examiné jeudi 10 septembre la loi climat et adopté une réduction des émissions de carbone de 60% à l’horizon 2030. C’est historique, répètent ceux qui ont voté cette mesure et refusé de cibler les 65%. Ce n’est pas si mal, expliquent ceux qui rappellent que le rapport de forces et les tiraillements politiques des uns et des autres laissaient craindre moins.
Soyons tout à fait honnêtes. Bien sûr on aurait pu avoir pire. Bien sur la loi présente des avancées : les objectifs sont contraignants, le droit à un environnement sain est inscrit noir sur blanc, et le texte requiert la fin des subventions directes et indirectes aux énergies fossiles d'ici 2025 ou encore la création d’un Haut Conseil pour le Climat européen.
Mais, non, nous ne sommes pas satisfait·es. Nous ne sommes pas satisfait·es quand on ne prend même pas la peine d’écouter les scientifiques qui, unanimement, ont fixé à 70% minimum la réduction des gaz à effet de serre nécessaire au maintien d’un réchauffement en deçà des 1,5°C, comme prévu par l’Accord de Paris ; et quand nous en demandions au moins 65%, tout comme les plaignant·es du People’s Climate Case qui dénoncent la violation de leurs droits fondamentaux du fait de la faiblesse d’action de l’Union européenne. Nous ne sommes pas satisfait·es parce que nous savons déjà que ce chiffre sera revu à la baisse par la Commission et que les 60% deviendront 55%. Nous ne sommes pas satisfait·es quand les mêmes qui se réjouissent de cet objectif prétendument historique se battent pour intégrer le gaz dans le fonds de transition juste qui doit être adopté aujourd’hui alors même qu’il s’agit d’un combustible fossile. Nous ne sommes pas satisfait·es parce que nous n’avons plus le temps de l’être. A quoi donc s’amusent ceux qui tentent de faire passer exigence pour des chamailleries de cour d’école? Nous ne trépignons pas pour un bonbon ou un joujou. Nous ne sommes pas capricieux·ses, nous sommes déterminé·es. L’urgence climatique n’est pas un caprice. C’est une question de survie.