Parlement européen : 2 ans de combat
Le 26 mai 2019, je faisais mon entrée au Parlement européen, au sein du Groupe Verts/ALE, avec une ambition : mener avec mes collègues au sein du Parlement européen, et sur le terrain avec un nombre croissant d’entre vous, le travail pied à pied, jour après jour, vers un changement de modèle. Un monde de Justice.
La justice, pour celles et ceux qui subissent disproportionnellement les pollutions, les négligences industrielles, la destruction de leur environnement, le changement climatique, la casse des droits sociaux...
La justice, pour les travailleur.se.s, les femmes, les gens du voyage, les enfants, les familles, pour chacune et chacun.
La justice, pour les victimes de crimes environnementaux et d’écocides: du chlordécone aux Antilles à l’agent orange au Vietnam, en passant par la Vallée de l’Orbiel et les enfants contaminés de Salsigne ou encore les Kali’na qui se battent contre la Montagne d’Or en Guyane ; pour tous ces engagements dont nous retraçons l’histoire dans l’ouvrage “Nous demandons justice” publié avec Priscillia Ludosky.
La justice, pour celles et ceux qui défendent le vivant, le climat, et sont pourtant trop souvent persécuté·e·s, parfois assassiné·e·s, pour leur engagement.
La justice, pour le vivant lui-même : les forêts que l’on rase, les océans que l’on pollue, tous les écosystèmes que l’on tue.
Un combat pour mettre fin à l’impunité, pour garantir l’égale dignité et le juste et universel droit à un environnement sain, un combat pour sauver ce qui peut encore l’être à l’heure de la crise écologique et surtout construire un avenir meilleur.
Un combat pour accélérer le mouvement contre la destruction du climat et du vivant et le dépassement des limites planétaires ; à travers de nouvelles règles, ou à l’aide des actions en justice menées pour le climat et les droits de la nature face aux mega-pollueurs comme Shell, Total ou Casino ou face aux Etats condamnés pour leur inaction. Un combat pour la justice globale, qui tienne compte de la dette climatique qui est la nôtre vis-à-vis des pays des Suds.
Depuis deux ans, nous avons obtenu des victoires : le concept d’écocide n’est plus inconnu dans l’Union européenne, le Parlement européen en réclame même la reconnaissance à l’international comme dans le droit européen ! Nous avons formulé des propositions ambitieuses pour mettre fin à la déforestation mondiale et demandé à reconnaître le droit des écosystèmes à être protégés. Nous avons réclamé un devoir de vigilance européen pour contraindre les multinationales européennes à respecter les droits humains, dont ceux des Ouïghours et des femmes travaillant dans les usines textiles comme au sein du Rana Plaza, mais aussi les droits du vivant partout dans le monde. Nous avons oeuvré pour réhausser les objectifs climatiques européens et obtenu la création d’un Haut Conseil pour le Climat au niveau de l’Union…
Nous nous heurtons à des murs :
Quand Macron sabote en France comme en Europe des lois climat largement insuffisantes alors que l’urgence climatique n’a jamais été aussi prégnante.
Quand le Parlement européen vote une nouvelle PAC incompatible avec le Green Deal et qui profite encore et toujours aux plus grandes exploitations industrielles, sans même mettre fin à la maltraitance animale.
Quand le tout-marché l’emporte sur la réponse législative et démocratique, et que la Commission cède aux intérêts privés en proposant de marchandiser les émissions de CO2 du transport routier et du bâtiment, ainsi que la biodiversité…
Nous nous heurtons à des murs, mais aucun mur n’est infranchissable. Chaque jour nous bâtissons des alliances.
Nous sommes de plus en plus nombreux.ses à nous battre pour sortir de notre dépendance aux énergies fossiles (gaz, charbon, pétrole) et donc cesser de financer avec l'argent du contribuable des projets climaticides.
Nous sommes de plus en plus nombreux.ses à promouvoir un Traité environnemental européen qui placerait la protection du vivant et la justice environnementale au sommet de ses normes.
Nous sommes de plus en plus nombreux.ses, de tout âge, de toute origine, de tous lieux,au niveau européen, des états membres ou dans la société civile, à défendre l’action urgente pour le climat et la solidarité.
La route est longue. Notre combat au sein du Parlement n’a de sens et de force que parce que nous nous battons aussi sur le terrain ! Pendant ces deux ans, malgré la pandémie, j’ai tenté d’être à vos côtés, virtuellement ou physiquement, pour mener ces combats pour la planète et la justice. Je continuerai sans relâche à me battre, forte de la mobilisation qui est partout la vôtre, et à me faire l’écho de vos initiatives.
Ensemble, construisons un monde de justice !