Trois questions à… Sabine Grataloup, exposée au glyphosate pendant sa grossesse
Sabine Grataloup est la maman de Théo, 16 ans, qui souffre de graves malformations de la trachée et de l'œsophage depuis sa naissance. Sa mère a été exposée sans le savoir au glyphosate pendant sa grossesse. Après un long marathon judiciaire, les experts du Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides ont reconnu un lien entre l’utilisation de l’herbicide et la maladie de l’enfant.
Comment avez-vous fait le lien entre les malformation dont souffre votre fils Théo et l’utilisation d’un herbicide à base de glyphosate auquel vous avez été exposée pendant votre grossesse ?
Je savais que j’avais été exposée au glyphosate de façon très aigüe en août 2006 en passant un désherbant à base de glyphosate sur la carrière d’équitation de notre centre équestre.
Cette période d’exposition correspond au moment où se forment la plupart des organes, dont la trachée et l’œsophage qui ont subi des malformations chez mon fils.
Par la suite, de nouvelles études sont venues confirmer la probabilité de ce lien. Le Fonds d’Indemnisation des Victimes des Pesticides a d’ailleurs accordé une indemnisation à notre fils, sur la base de l’avis de son comité d’experts.
Pourquoi avoir voulu rendre votre histoire publique ?
C’est notre devoir de citoyens d’alerter, pour éviter que d’autres familles ne soient confrontées aux mêmes souffrances. Depuis plus de dix ans, nous alertons les scientifiques, les autorités sanitaires, les politiques, les médias…
Que vous inspire la proposition de la Commission européenne de prolonger de dix ans l’autorisation du glyphosate ?
C’est tout simplement du mépris pour les victimes, actuelles et futures.
Il y a bien longtemps que les scientifiques alertent sur la toxicité du glyphosate, à la fois pour l’homme et pour la biodiversité.
A chaque vote, on nous ressert le même discours : « il faut du temps ». Mais tant qu’il n’y aura pas de date d’interdiction ferme du glyphosate, accompagnée d’aides pour une transition vers une agriculture moins dépendante des pesticides, rien ne bougera.
Et à chaque vote, on repousse la décision de quelques années.
Ces quelques années, pour l’agro-industrie, ça veut dire du chiffre d’affaires en plus, mais pour nous, ça veut dire des victimes en plus et on ne peut plus l’accepter.