EastMed : L’Union Européenne finance la construction d’un immense gazoduc à travers la Méditerranée. Mobilisons-nous !
Alors qu’elle s’apprête à rehausser ses objectifs climatiques à l’horizon 2030, l’Union Européenne continue dans le même temps de financer des projets d’infrastructures de gaz. L’idée, matraquée par les lobbies du secteur fossile, que le gaz est une énergie verte a infiltré les institutions européennes. Le projet EastMed, un méga gazoduc traversant la Méditerranée vers l’Europe, est un exemple accablant de cette réalité contre laquelle nous nous battons sans relâche au Parlement Européen.
L’EastMed : un projet de méga-gazoduc destructeur du climat et objet d’importantes tensions
L’EastMed, c’est un projet de méga-gazoduc qui transporterait du gaz fossile des eaux contestées aux larges de Chypre, d’Israël et peut-être de la Palestine vers l'Italie, où il se connecterait au réseau de gaz européen. Ce serait l'un des plus longs gazoducs d'Europe.
Le projet est source d’importantes tensions en Méditerranée : entre Israël et la Palestine, entre la Grèce et la Turquie, et autour des très disputées réserves chypriotes. En Septembre 2020, 60 organisations locales demandaient la fin des extractions fossiles pour assurer la paix et la justice dans la région.
L’impact climatique attendu est aussi bien évidemment désastreux : Le gazoduc est conçu pour transporter jusqu'à 20 milliards de m3 par an de gaz fossile, principalement composé de méthane.
Et pourtant… Un projet financé par l’Union Européenne !
Croyez le ou non, mais le projet EastMed a été inclus dans la liste de Projets d’Intérêt Commun (PCI list en anglais) de l’Union Européenne. Cette liste désigne des projets d’infrastructures énergétiques prioritaires pour l’UE. Elle est établie par la Commission européenne, les États membres, mais aussi par le Réseau européen des gestionnaires de réseaux de transport de gaz (ENTSOG). Les projets approuvés deviennent éligibles pour un financement de l'UE. Selon la Commission, en Novembre 2020, plus de 36 millions d’euros d’argent public avaient déjà été alloués au projet de pipeline dans le cadre du Connecting Europe Facility (CEF).
L’Union Européenne investit donc des millions d’euros d’argent public dans un projet qui alimente d’importantes tensions en Europe et à l’étranger, menace notre avenir climatique, et est complètement incompatible avec les objectifs de l’Accord de Paris.
Des lobbies du gaz à qui on laisse la porte grande ouverte
Il y a fort à parier que les lobbies des entreprises fossiles ont joué un rôle important dans cette décision totalement incohérente de l’UE.
Notamment parce que le Réseau européen des gestionnaires de réseaux de transport de gaz (ENTSOG) a un accès privilégié aux prises de décisions sur les infrastructures énergétiques de l’Union Européenne : en vertu de la loi, les sociétés de l'ENTSOG aident l'UE à prévoir la quantité de gaz dont l'Europe a besoin et aident la Commission à décider des projets d'infrastructure gazière à soutenir. On marche sur la tête.
Selon l’ONG Global Witness, les membres de ENTSOG en ont profité pour surestimé les besoins en gaz, et repartir avec 90 % des subventions de l'UE pour les infrastructures gazières, soit plus de 4 milliards d'euros.
Alors que fait-on ? On se mobilise !
La construction du gazoduc n’a pas encore commencé, il est donc encore temps d’y mettre fin. De nombreuses associations sont sur le coup pour s’opposer à ce projet insensé, et elles ont besoin de soutien.
En 2021, nous allons réviser la réglementation sur les infrastructures énergétiques (TEN-E), et décider de la nouvelle PCI list, les projets d’intérêts communs choisis par l’Union Européenne. Je travaille déjà avec mes collègues sur ces échéances cruciales. Mais pour s’assurer que les lobbies ne viennent pas saper notre travail, j’ai besoin de vous :