Trois questions à… Olympe de Gouge
Nous n’avons pas pour habitude de faire parler les mort·es. Si Olympe de Gouges est l’invitée un peu spéciale de cette édition c’est simplement parce que nous avons voulu compiler quelques déclarations d’une des grandes pionnières du féminisme qui montrent combien la pensée de l’autrice de « La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » n’a (presque) pas pris une ride, plus de deux siècles après sa mort.
Vous dites que contrairement à l’humain, la nature n’est pas sexiste…
Remonte aux animaux, consulte les éléments, étudie les végétaux, jette enfin un coup d’œil sur toutes les modifications de la matière organisée, cherche, fouille et distingue, si tu peux, les sexes dans l’administration de la nature. Partout tu les trouveras confondus, partout ils coopèrent avec un ensemble harmonieux à ce chef-d’œuvre immortel. L’homme seul s’est fagoté un principe de cette exception. Bizarre, aveugle, boursouflé de sciences et dégénéré il veut commander en despote sur un sexe qui a reçu toutes les facultés intellectuelles.
(Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, 1791)
Une femme peut donc faire de la politique ?
La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune (…) Que sait-on si une femme ne vaut pas un homme en politique, dans ce siècle frivole et d’égoïsme ? L’histoire de tous les pays prouve assez que les femmes ne sont pas toujours inutiles. C’est une injustice de la part des hommes de ne point admettre les femmes dans les affaires et de ne pas leur abandonner quelques pouvoirs, quand elles sont capables d’en faire bon usage. On doit convenir qu’une femme qui travaille sans cesse au bien de son pays mérite non seulement l’estime de tous les hommes, mais encore quelques marques distinctives.
(Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, 1791 ; Dialogue allégorique entre la France et la Vérité, dédié aux états généraux, 1789)
Dans notre édito, nous parlons de ces femmes qui peu à peu réussissent à se frayer un chemin, qu’aimeriez-vous leur dire ?
Il n’appartient qu’à celle que le hasard a élevée à une place éminente, de donner du poids à l’essor des Droits de la Femme, et d’en accélérer les succès. On ne vous fera jamais un crime de travailler à donner à votre sexe toute la consistance dont il est susceptible. Cet ouvrage n’est pas le travail d’un jour. Cette révolution ne s’opérera que quand toutes les femmes seront pénétrées de leur déplorable sort, et des droits qu’elles ont perdus dans la société.
(Lettre à la Reine, 1791)