Est-ce que les COP servent encore à quelque chose ?

Ce dimanche s’ouvre la 27ème conférence des parties sur le climat, la COP 27.

Avant toute chose, petit rappel des faits… Tout a commencé en 1992 à Rio, quand 196 États et l’Union européenne reconnaissent officiellement qu’il leur faut lutter ensemble contre le changement climatique, et conviennent de se retrouver chaque année…

30 ans plus tard, le compte n’y est pas.

Les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont augmenté de 45%.

Les engagements pris depuis 1995 par les pays du monde nous entraînent vers un réchauffement catastrophique de +2,5°C. Et c’est si, et seulement si, ils tiennent leurs promesses… 

L’année dernière, la quantité d'électricité produite à partir de charbon a atteint un record historique. Tout comme les émissions de CO2 et la concentration de CO2 dans l’atmosphère.

Les conséquences du changement climatique font de plus en plus de victimes à travers le monde : inondations au Pakistan ou au Bangladesh, incendies ravageurs en Europe comme en Amazonie ou aux Etats-Unis, tempêtes dévastatrices ou encore zones devenant inhabitable car soumises à des températures trop élevées pour l’Humanité (et évidemment, nombre d’espèces non humaines)...

Avant même qu’elle ne débute, cette COP a fait l’objet de nombreuses critiques. Qualifiée de “machine à greenwashing”, pour Greta Thunberg, trop difficile d’accès pour la société civile, hébergée par une Égypte dont le régime bafoue les droits humains… autant de nuages pour une COP supposée conduire à la fois à l’augmentation des ambitions nationales et mondiales de lutte contre le dérèglement climatique, et à une véritable solidarité nord-sud. Un sujet crucial, puisque les financements censés être dégagés par les pays occidentaux pour accompagner la transformation écologique des pays du Sud, ainsi que la lutte contre les dommages liés au dérèglement climatique, ne sont toujours pas mobilisés.

Par ailleurs, après une COP26 à Glasgow dont la première délégation en nombre était le lobby des industries fossiles, l’Egypte et les autres exportateurs de gaz ont décidé de mobiliser la communauté internationale vers le déploiement de cette énergie… fossile ! afin de le considérer comme une “énergie de transition”, malgré l’appel réitéré par l’Agence Internationale de l’Energie de ne pas lancer de nouvelles exploitations de charbon, de pétrole ou de gaz ! si nous voulons nous préserver la moindre chance de ne pas dépasser les 1,5°C de l’Accord de Paris. LIEN DASH GAS AFRICA + peut-être rappeler que On voit là toutes les limites de la décision de l’Union européenne de classifier comme “durables” les investissements dans le gaz et le nucléaire, et ses impacts directs et concrets sur les projets fossiles lancés dans le monde entier (peut être ici on peut remettre un lien vers l’affaire des bombes climatiques, et/ou des projets gaziers de total en af du sud et mozambique ou quoi?).

 

Alors à quoi ont servi 30 ans de négociations internationales pour le climat ? Comment ne pas perdre espoir face à cet échec cuisant ? 

La situation est compliquée, et les critiques sont plus que légitimes. Pour autant, nous ne pouvons pas abandonner ce terrain de lutte, ce moment diplomatique et médiatique précieux pour le climat que représentent les COP.

Sans elles, peut-être le réchauffement serait-il déjà de plus de 2°C. Peut-être serions-nous plus encore enfermés dans les énergies fossiles. Peut-être aurions-nous continué à fermer les yeux sur la déforestation.

Et si les COP sont effectivement un espace géant de greenwashing pour les marques les plus pollueuses du monde (le sponsor cette année n’est autre que le géant des boissons trop sucrées et des bouteilles en plastique Coca-Cola), elles constituent également un temps où des scientifiques, associations et activistes du monde entier convergent pour porter ensemble leurs combats pour la justice climatique et sociale. Les premières victimes du changement climatique tentent, autant que faire se peut, de faire entendre leurs voix.

Les négociations de cette année porteront sur l’enjeu absolument clé du financement des pertes et dommages des pays du Sud déjà exposés aux conséquences graves du changement climatique, alors que leur responsabilité historique est minime par rapport à celle des pays occidentaux. Par exemple, la France ne représente aujourd’hui “que” 1% des émissions mondiales annuelles, mais si on compte les émissions historiques de la France, elle devient le 8e émetteur mondial de gaz à effet de serre en cumulé depuis 1850, sur plus de 200 pays. 

Quelque part, c’est la COP pendant laquelle le sujet de la dette climatique des états historiquement émetteurs est mise sur la table ; et c’est précieux.

Pendant deux semaines, nous devons donc nous saisir de toutes les opportunités de rappeler l’extrême urgence de sortir définitivement et rapidement des énergies fossiles, de reconnaître et condamner le crime d’écocide, de penser ensemble protections du climat et du monde vivant, etc.

 

Bref, deux semaines pour continuer de se mobiliser ensemble pour sauver le climat et préserver les droits de toutes et tous. Comme l’an passé, je tenterai de vous tenir régulièrement informé.e.s des négociations qui s’y tiennent.

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